"Ma R15 n'aime pas l'humidité" de Jean-Marc, vous vous en souvenez ?
Et bien moi, c'est le contraire : ma R15 adore la flotte.
Elle picole en cachette, et je ne sais ni comment, ni pourquoi.
La voilà, cette bonne vieille Black & White Mama !
Quel défunt propriétaire pleure t-elle secrètement, dans sa robe demi-deuil ?
(le type d'origine lyonnaise auquel je l'ai achetée m'avait dit, lors de la vente, que ses deux premiers proprios étaient morts...Boooo
Enfin, je n'en ai pas cru un mot.)
Résumé des épisodes précédents :
Après une joyeuse soirée passée le 14 janvier 2006 chez des amis, du côté de Château-Thierry, notre retour au bercail parisien, sur le coup de 3h du matin, s'émaille d'une constatation alarmante : le bocal d'expansion, plein au départ de Paris, est sec comme un verre de Mirabelle à Bazailles.
Le moteur est brûlant, le bocal est sec, mon sang de petit parisien totalement ignorant de la mécanique ne fait qu'un tour : c'est la CATA !
Mon diagnostic est sans appel : le joint de culasse est pété, le moteur est peut-être bloqué, cette voiture doit prendre le chemin d'un garage sur un plateau.
Je demande un devis à mon mécanicien habituel (spécialiste Alfa) : changement du joint de culasse, vérification et rectification de la culasse = 800 € HT.
Comme je ne me chauffe pas au diamant, je décide d'attendre des jours meilleurs.
Le temps passe.
La poussière s'accumule sur cette prunelle éteinte de mes yeux.
Dans son sarcophage de béton, elle prend la couleur des murs au point que la propriétaire de la place de parking m'appelle un jour pour me prévenir qu'une épave crasseuse a été poussée sur l’emplacement que je loue.
« Non, c’est la mienne, Madame »
« Ah bon ? Heureusement que vous me dites ça, j’allais appeler la voirie (ou la fourrière, chais plus) »
« Je vous remercie de m’avoir appelé avant, Madame »
Parfois, nous allons tout de même, ma copine et moi, faire la toilette de cette automobile, un seau à la main.
Nous nous activons donc dans l’obscurité du parking, comme deux dévots autour de la statue d’une sainte qu’ils dépoussièrent au fond d’une cathédrale déserte.
Un de mes amis, Philippe, s’émeut du sort de cette voiture et du mien : il me conseille de pousser l’enquête un peu plus loin avant de songer à envoyer ma 1302 se faire trépaner dans une clinique de luxe.
D’abord, il m’accompagne dans les sous-sols du « Centre Paradis », où la belle ne respire plus depuis un an, il monte dans la R15, passe la quatrième vitesse, et m’enjoint de l’aider à la pousser sur quelques mètres et retour. Verdict : le moteur n’est pas bloqué.
Ensuite, Philippe me conseille d’enlever les bougies pour mettre un peu d’huile dans les cylindres (« Comme ça, quand tu la redémareras ça ne mettra pas un méchant coup de râpe sur les chemises qui doivent être bien sèches »), et de recharger la batterie.
J’achète un superbe chargeur de batterie Ceval CBI 7, bleu Bugatti avec un petit vumètre.
Ma batterie (une Peugeot 5600 GH pour Talbot Samba) est archi-morte : il n’y avait plus beaucoup d’électrolyte dedans et, après avoir refait les niveaux dans chaque compartiments, 10 heures de charge n’ont rien donné.
Heureusement, Dominique Guiavarch se propose de m’en amener une toute belle de Bretagne (une Bosch 40 AH E2, réf. Renault 7701410004).
Merci, Dominique.
En attendant la visite de Dom., je démonte les bougies : elles sont toutes un peu noires.
Selon les personnes auxquelles je les ai montrées (Ojidé notamment), c’est plutôt le signe d’un mélange trop riche que d’autre chose.
Je mets donc un peu d’huile dans les cylindres par les puits de bougies, avec une seringue, et puis je pousse, et repousse, la voiture.
Hier soir, j’ai remis la batterie, encore poussée et repoussée la R15, remis les bougies, pompé deux fois, et mis le contact : elle a démarré au quart de tour....mais à 4000 tours / minute (je pense que la pédale d’accélérateur n’était pas revenue complètement).
J’espère que le moteur n’a pas pris trop cher dans sa face...
Cela ne se voit pas, mais le moteur tourne.
Enfin, j’ai presque immédiatement coupé le contact, je suis allé voir si le carbu n’était pas bloqué sur l’ouverture de son deuxième corps, et j’ai redémarré, plus calmement.
Ma copine Lucille s’est mise au volant et nous avons roulé tranquillement vers la Porte d’Italie, où se trouve ma R15 TL verte.
Dans un sous-sol de la Porte d’Italie, nous avons mis la R15 TS à place de la R15 verte (c’est mieux éclairé là-bas, et l’on pourra mieux s’occuper d’elle).
Le mystère reste entier.Le départ.
L'arrivée Porte d'Italie.
Le vase d'expansion, aussi rempli à l'arrivée qu'au départ.
Pour le plaisir des yeux : le capot crasseux de ma 1302.